L’histoire d’Hector Patoizeau est intimement liée à la naissance de l’ostréiculture française dans la deuxième moitié du XIXe siècle. À cette époque, les ostréiculteurs du bassin d’Arcachon font acheminer des millions de tonnes d’huîtres creuses depuis le Portugal, où il existe des bancs naturels de cette espèce, Crassostrea angulata (la fameuse huître portugaise).
En 1868, Le Morlaisien, un navire qui participe à cet acheminement, est pris dans une tempête avant son arrivée à Arcachon. Il se réfugie dans l’embouchure de la Gironde. Au bout de quelques jours, le capitaine du navire, un certain Hector Patoizeau, reçoit l’ordre de se débarrasser au large de sa cargaison devenue insalubre. Mais il jette les huîtres près de la côte et les quelques survivantes vont finalement former de véritables bancs d’huîtres portugaises.
« En 1868, elles couvrent les rochers de la Gironde, gagnent en 1875 les côtes de La Rochelle et, en 1878, celles de l’île de Ré. Après une période d’accalmie, elles avaient en 1907 envahi toutes les côtes de la Charente Inférieure et auraient continué inlassablement leur marche vers le Nord, si le courant de jusant ne les avait pas arrêtées quelque temps au havre du Payré, en Vendée. Elles ont cependant réussi à atteindre, en 1932, les côtes situées au sud de la Loire, et, sans de sérieuses mesures prises par les ostréiculteurs bretons, c’en était fait de l’huître plate que la Gryphée aurait fini par étouffer », explique L. Lambert.
Ces huîtres portugaises vont permettre le développement de l’ostréiculture. Mais un siècle plus tard, dans les années 1960, elles seront décimées par un virus. En janvier 1966, les premières huîtres japonaises (Crassostrea gigas) sont importées depuis le Japon, la Colombie et le Canada pour remplacer les portugaises. Aujourd’hui, les huîtres japonaises représentent 99 % de la production française, tandis que les huîtres plates ne représentent que 1 %.
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